Un peu de science-fiction lesbienne : Mes esclaves sur Salev (1)
(MES ESCLAVES SUR SALEV)
1-Epoque des recoltes
Une
superbe fleur d'un plan d'Iberstelle deplie avec paresse le dernier
petale mauve mordore, sous le regard brillant d'un soleil implacable,
chaude incandescence orangee qui se reflete dans la grosse goutte
laisse dans le coeur de la plante par les caprices des vents de pluie
aux trajectoires imprevisibles et soumises aux variations des flux
d'electrons qui nous viennent de notre etoile moribonde.
Il
fait chaud aujourd'hui et les champs cultives qui s'etendent a
perte de vue sous un vaste ciel tres clair pourrait faire perdre a
l'Habitant de Crique Salee toute notion d'orientation entre les logis
eloignes et invisibles derriere le moutonnement des collines .
Et
puis des cailloux blancs tombent depuis la plantation voisine ,
projetes par la pousse exuberante des vegetaux geants sur l'argile
brune d'un chemin etroit qui disparait sous deux tilleuls, vestiges
rares sauves des mutations d'un passe plusieurs fois millenaire, et qui
continue tout droit, jusqu'a la ligne presqu'infiniment lointaine de
l'horizon.
Le
ruissellement de notes claires tout pres decide Cactus a terminer une
halte impromptue sous le coeur du feuillage, et une reverie trop
etrange d'insectes melodieux aupres d'une fontaine d'eau veritable,
eclaboussante cascade tombant sur sa gorge nue et accueillante.
Les
cailloux glissent sous les pas de Cactus qui reprend sa marche en
poussant d'une patte sa coupeuse et qui s'essuie de l'autre, avec un
mouchoir ridiculement trop grand , son beau front vert. Deja, il oublie
son joli reve et avance de plus belle, malgre sa fatigue.
Mes
enfants, pense-t-il entre deux foulees extenuantes, retrouver mes
cherubins dans ma hutte de pierres seches ou ils m'attendent tapis dans
la fraicheur de l'ombre du corridor, devenus verts pales a force de
bouder le soleil, s'etourdissant mutuellement de rires cristallins et
de leurs petits cris rauques, enrages d'ivresse juvenile, epuisant les
dernieres forces de leurs petits corps a se faire mourir de rire dans
des joutes verbales effrenees...
---------------------------------------------
Sur
Terre, c'est un crepuscule batard, tout illumine de lueurs fugaces qui
accueille le sommeil des humains non mutes et une petite communaute
vivant a l'ecart du reste de la planete, oubliee totalement par la
civilisation.
Ce
soir Dominique dormira pres du fleuve, sous sa tente, protegee des
bombardements electroniques par les ruines encore debout de la villa
attaquee il ya deux etes deja par l'expedition terroriste et
silencieuse des etres differents de Salev.
Et le sommeil de tous les humains n'est jamais trouble par les maux des civilisations des ancetres.
Le
continent Terre est trop grand pour les quelques milliers d'humains qui
ne connaissent ni guerres, ni vols, ni agressions personnelles, ni
familles, ni mariages, et dont le nombre decroit tres regulierement
dans un bonheur partage par toutes et tous.
Les
humains savent construirent de belles demeures et continuent malgre les
destructions episodiques, dirigees uniquement contre leurs maisons qui
marquent invariablement , depuis des temps infinis dans leurs memoires
tout achevement de construction.
Les
humains travaillent pour leur propre joie, tantot groupes, tantot
completement seuls pendant des dizaines d'annees sur des domaines de
milliers de miles carres.
Ils connaissent aussi la cration de descendance controlee, dans toutes les formes qu'elle peut prendre.
Cependant
la plupart des humains decident de vivre ce que la nature leur accorde
comme temps, car ce temps est vecu paisiblement.
En fait, le seul aspect qu'ils aient garde de la prehistoire est leur aspect physique.
Il
faut quand meme se proteger des animaux sauvages et aussi de la
solitude, or ce soir Dominique n'as pas de compagne, car Dominique est
lesbienne, particularite qui va tout-a-fait de soi dans l'espece
humaine depuis l'accumulation des temps, et Domi balance son pied dans
une buche moussue qui s'en va rouler et eclater au milieu du feu nourri
qui lui semble egrener les heures de ses crepitements.
Domi
est un clone de classe deux deja, elle se rappelle de ses vies
anterieures, qu'elle n'a cependant pas vecues, et a present elle
souhaite terminer sa lignee et peut-etre mourir, ou bien rencontrer une
autre femme et avoir une descendance croisee ?
Elle
pense qu'il faudrait controler au maximum les naissances, puisque
l'etoile devra disparaitre, l'avenir ne peut se realiser que dans sa
propre existence vecue au minimum dans le temps.
En cela elle ne differe pas des autres humains.
Les
yeux violets, la peau doree et un front haut sous une splendide
chevelure bouclee, Domi a glisse ses deux metres tout juste dans la
ouate de son sac de couchage, et a commence la lecture d'un livre vieux
de 900 000 ans, qui raconte la vie d'une ecrivaine conspuee en son
temps, mais c'etait au 22 eme siecle, et evidemment les mentalites dans
ce passe infini etaient ridicules.
Domi
s'endort en caressant le doux visage envoutant de l'ecrivaine maudite,
materialise en dimension sensorielle sur la premiere page du livre, et
dans ses reves tourne l'obsession de l'achevement d'une grande maison
de marbre, tapissee par les superbes fresques intactes des humains
disparus, dont les plus jolis temoignages gisent maintenant presque
meconnaissables, casses, brules, desintegres ou eparpilles en autant de
pierres brillantes, au fond des eaux sombres d'Altarus, qui les emporte
vers l'ocean et vers Salev, la mysterieuse, puisqu'elle ne se trouve
qu'a une journee de bateau de notre bonne vielle Terre, depuis cet
endroit du golfe d'Altarus...
---------------------------------------------------------------