Bon, qu'est-ce que je vais pouvoir vous filer ? Un roman de gare lesbien ?
Je ne sais pas où commencer.On va essayer cela ...
J'hésite entre vous filer tout ou par petits bouts afin que vous
attendiez la suite de mon roman, et que vous regardiez ma blog le
lendemain.
Que faire ?
Bon, allez je vous file tout de suite (enfin, ce n'est pas terminé), quand c'est bon, pourquoi se priver ?
Ouais, mais il va falloir en plus que je découpe mon texte par parties
de 50 000 caractères, car le post n'en veut pas plus, zut !
Alors
cela va faire je ne sais combien de posts, et je vous préviens que je
découpera comme je pourrai, par manque de temps...
Ca
s'appelle EN PARTANCE, l'introduction est longue, et le vrai début d'en
partance est à quelques encablures d'ici, le titre y est remis :
Les
faucons, nombreux cette année, tournoient dans le ciel, haut, les
feuillages luxuriants ploient sous le vent, les nuages s'accumulent, le
tourbillon d'air remplit mes poumons et mes oreilles sont toujours à
l'écoute de la symphonie inconnue qui fait vibrer ma maison de verdure.
Les cimes du toit du château et du pigeonnier font des éclairs fins de métal dans le ciel embrouillé.
La tempête semble menacer encore, sans que jamais elle ne tombe pourtant, et comme d'habitude, le malaise m'envahit ...
Sandrine m'a invitée à travailler au château, là où ma mère y avait travaillé trente ans plus tôt.
Ma mère n'avait pas pu faire d'études, tandis que j'avais à grand peine réussi à travailler pour me payer les miennes.
Bien que biologiste moléculaire, les temps d'une humanité dégénérée et
cruelle avaient fini par me rattraper pour ralentir ma vie et mes
passions, et je fonctionnais maintenant à l'envers, revenue dans le
pays de mon enfance, à une réalité de servitude quasi-moyenâgeuse, et
pourtant la nature ici n'avait jamais été aussi belle, les arbres du
jardin et de la forêt s'étaient multipliés, étaient devenus
tentaculaires et abritaient une foule d'animaux sauvages, exerçant sur
moi une fascination accrue pour cette sève bouillonnante qui me faisait
d'autant plus sentir l'absurdité de mon existence en cul-de-sac et le
vide de toute vie.
Ces
dernières années la souffrance m'avait amenée si souvent en rêve à ma
forêt de géants, et j'avais vu une grande épée incandescente, blanche
et insaisissable à l'intérieur de moi, l'épée mythique arrachée à la
pierre, ou Excalibur, ou encore le laser du Gedaï, qui sait ?
Allez savoir ...
Non, c'est sûr, je ne suis qu'une mutante, spécimen d'une autre race humaine.
Mais ma vie est pure et n'est que le résultat d'une longue suite de circonstances malheureuses et improbables.
La liberté de dormir dans les niches de marbre
blanc de la gare de Milan et de se transformer en statues sous les
regards attendris des balayeurs ...
Bologne et son grand trou de bombe ...
Rome avec ses dragueurs de gare professionnels, ses chauffards, mais
aussi ses églises où la main fervente d'une jeune femme échevelée
m'entraîna pour une romance passagère interdite, et partout la
générosité artistique qui explose !
Pourquoi faut-il toujours se battre pour arracher un peu de liberté, de justice ou de bonheur ?
Je
ne sais plus, comme d'habitude, je ne suis plus une fille, et je ne
suis plus un garçon, je ne sais plus qui je suis et je ne suis plus qui
je savais être.
On
m'a vraiment trompée sur la longévité des rêves, je vais entamer la
deuxième et mauvaise moitié de la vie et je n'espère plus rien, même
pas en finir, et toutes mes ébauches de connaissance, de passion, se
sont cassées la figure avant même d'aboutir à un semblant
d'épanouissement.
Aucun hasard là-dedans ... mais une malédiction et un destin qui m'étrangle.