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Sur l'orbite de Spoutnik, lesbienne radicale ...
12 février 2005

Bon, qu'est-ce que je vais pouvoir vous filer ? Un roman de gare lesbien ?

Je ne sais pas où commencer.On va essayer cela ...
J'hésite entre vous filer tout ou par petits bouts afin que vous attendiez la suite de mon roman, et que vous regardiez ma blog le lendemain.
Que faire ?
Bon, allez je vous file tout de suite (enfin, ce n'est pas terminé), quand c'est bon, pourquoi se priver ?
Ouais, mais il va falloir en plus que je découpe mon texte par parties de 50 000 caractères, car le post n'en veut pas plus, zut !
Alors cela va faire je ne sais combien de posts, et je vous préviens que je découpera comme je pourrai, par manque de temps...

Ca s'appelle EN PARTANCE, l'introduction est longue, et le vrai début d'en partance est à quelques encablures d'ici, le titre y est remis :

Les faucons, nombreux cette année, tournoient dans le ciel, haut, les feuillages luxuriants ploient sous le vent, les nuages s'accumulent, le tourbillon d'air remplit mes poumons et mes oreilles sont toujours à l'écoute de la symphonie inconnue qui fait vibrer ma maison de verdure.

Les cimes du toit du château et du pigeonnier font des éclairs fins de métal dans le ciel embrouillé.

La tempête semble menacer encore, sans que jamais elle ne tombe pourtant, et comme d'habitude, le malaise m'envahit ...

 
Sandrine m'a invitée à travailler au château, là où ma mère y avait travaillé trente ans plus tôt.

Ma mère n'avait pas pu faire d'études, tandis que j'avais à grand peine réussi à travailler pour me payer les miennes.

 
Bien que biologiste moléculaire, les temps d'une humanité dégénérée et cruelle avaient fini par me rattraper pour ralentir ma vie et mes passions, et je fonctionnais maintenant à l'envers, revenue dans le pays de mon enfance, à une réalité de servitude quasi-moyenâgeuse, et pourtant la nature ici n'avait jamais été aussi belle, les arbres du jardin et de la forêt s'étaient multipliés, étaient devenus tentaculaires et abritaient une foule d'animaux sauvages, exerçant sur moi une fascination accrue pour cette sève bouillonnante qui me faisait d'autant plus sentir l'absurdité de mon existence en cul-de-sac et le vide de toute vie.

Le vent et les odeurs de sous-bois me fouettaient le visage à mesure que je longeais la barrière du parc à chevaux, à droite de la grande allée du château qui me mènerait à son entrée d'opérette.

Mes pensées étaient à mille lieues de la maison de Blanche-Neige, et de l'ironie cruelle qui s'insinuait habituellement dans les têtes solitaires des gens d'ici, j'oubliais donc de rire de la façade du château repeinte en rose et de la sentinelle nègre en stuc, en faction sous la pluie, qui surveillait avec attention mon arrivée ...

Plus de blagues défensives et agressives, peut-être était-ce bien un peu mon château d'opérette à moi aussi ...

Ces dernières années la souffrance m'avait amenée si souvent en rêve à ma forêt de géants, et j'avais vu une grande épée incandescente, blanche et insaisissable à l'intérieur de moi, l'épée mythique arrachée à la pierre, ou Excalibur, ou encore le laser du Gedaï, qui sait ?

Je me prenais de plus en plus à vivre selon les aspirations de mon inconscient et dans une autre dimension, et j'étais ce seigneur du Moyen Age, celui-là même aperçu sur le tableau trouvé en plein milieu d'une nuit de pleine lune de juillet, sur le pont du chemin de fer au dessus du Rhône en ville de Genève, peint parait-il par des faussaires italiens sur du bois de cercueil, et représentant un chevalier au galop sous la pleine lune, serrant sur son coeur un petit chien, et fuyant le dragon et les flots démontés léchant déjà les sabots de sa monture, tableau oublié plus tard dans ma fuite stratégique de chez la femme amatrice de tableaux, qui se révéla être une prostituée également amatrice de trafic de chair humaine, qui aurait dû héberger Arthur mon chien et moi-même en échange de la promenade de ses sept monstres de chiens et qui vit sa proie lui échapper au dernier moment.

Ah ma vie, sa souffrance, et ses coïncidences, et les soupçons de maladie mentale qui ont pesé de tout leur poids, pour m'écraser dans ce monde sans sensibilité ni imagination !

Allez savoir ...

Non, c'est sûr, je ne suis qu'une mutante, spécimen d'une autre race humaine.

Mais ma vie est pure et n'est que le résultat d'une longue suite de circonstances malheureuses et improbables.

Faussaires italiens, train d'Italie, ferrovie dello stato, la succession des gares, l'odeur de rouille de la voie ferrée, les gares suisses, la gare monumentale de Milan avec sa chaleur et la crasse sur le marbre blanc ...
La liberté de dormir dans les niches de marbre blanc de la gare de Milan et de se transformer en statues sous les regards attendris des balayeurs ...
Bologne et son grand trou de bombe ...
Rome avec ses dragueurs de gare professionnels, ses chauffards, mais aussi ses églises où la main fervente d'une jeune femme échevelée m'entraîna pour une romance passagère interdite, et partout la générosité artistique qui explose !

Combien de coeurs ont battu pour moi et combien de temps le mien continuera-t-il à battre ?

Pourquoi faut-il toujours se battre pour arracher un peu de liberté, de justice ou de bonheur ?

Je ne sais plus, comme d'habitude, je ne suis plus une fille, et je ne suis plus un garçon, je ne sais plus qui je suis et je ne suis plus qui je savais être.

Je me dis qu'un coeur bat pour moi encore une fois, le coeur d'une jolie femme, quelque part derrière une des fenêtres du château, forcément puisque la châtelaine m'attend, et ça suffit pour l'instant pour rêver et continuer à vivre, même si la laideur et la solitude sont mon quotidien depuis des années et des années, et même si je sais qu'il n'y a aucune raison pour que mes rêves se transforment en réalité, mais qui sait ?

Il suffit qu'on m'accorde un peu d'intérêt pour que la vie coule à nouveau dans ma statue endormie.

Mon corps est dégénéré et me renvoie une image de moi qui n'est pas la mienne à l'intérieur, seuls mes yeux semblent les miens et gardent une parcelle de vie qui s'éteindra peu à peu, je me sens mourir et enlaidir, et si les jours de galère et de vide se sont répétés dans la lenteur de l'ennui, les années se sont accumulées à une vitesse folle.

On m'a vraiment trompée sur la longévité des rêves, je vais entamer la deuxième et mauvaise moitié de la vie et je n'espère plus rien, même pas en finir, et toutes mes ébauches de connaissance, de passion, se sont cassées la figure avant même d'aboutir à un semblant d'épanouissement.

Trente ans plus tard, me revoilà à la place que ma mère occupa.

Comme j'aurais préféré crever plus vite que de voir cela, ne pas avoir de réalisation dans une vie que j'aurais choisie, et devoir au contraire passer dans des ornières déjà tracées et y trépasser !

Aucun hasard là-dedans ... mais une malédiction et un destin qui m'étrangle.

Comme si je l'avais pressenti, j'avais toujours été obsédée par le temps qui passe, et si j'avais pu réaliser mes recherches en sciences, c'aurait été pour faire reculer les frontières du temps, du vide, de la mort.

Manque de chance, il était trop tard pour ça aussi, et le vertige avait envahi mon être.


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Sur l'orbite de Spoutnik, lesbienne radicale ...
  • Après un décollage réussi et opéré depuis belle lurette, rendant la planète merdique des hommes très lointaine, Sur l'orbite de Spoutnik, lesbienne radicale ... montre comment rester en orbite et localiser la Terre fabuleuse des Amazones.
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